Les réactions biologiques
Notre cerveau est programmé pour gérer seul les procédures relatives au fonctionnement de notre anatomie. Notre système digestif, par exemple, n’a pas besoin que nous réfléchissions à l’actionnement de notre estomac, de notre foie ou de nos intestins pour faire son travail.
Notre cerveau gère également les situations d’urgence : lorsque nous sommes en danger, un processus complexe se met immédiatement en œuvre pour donner au corps suffisamment de ressources pour pouvoir se battre ou fuir afin d’assurer sa survie.
Prenons un exemple : pendant une promenade, retentit tout à coup une détonation. Instantanément, notre cerveau prépare notre corps à faire face au danger en envoyant dans le corps de l’oxygène, des graisses, du sucre et des hormones de stress. Le sang conduit tous ces éléments aux muscles pour que nous puissions nous enfuir ou nous battre. Processus A ci-dessous.
Admettons qu’il ne s’agissait pas d’une situation dangereuse, mais peut-être simplement d’un plaisantin qui a fait éclater un ballon. Le danger est écarté : les nouveaux stimuli arrivent à notre cerveau, qui envoie les messages nécessaires aux différents organes pour revenir à une situation de calme. Notre corps est-il instantanément revenu au même stade qu’avant la détonation ? Certainement pas. Un état de fatigue et de faim se fait souvent sentir, suite aux graisses et au sucre utilisés. Il faudra également du temps pour que les effets des hormones de stress soient éliminés (adrénaline : 1 à 6 jours / cortisol : bien plus longtemps). Processus B ci-dessous.
Partons maintenant du principe que nous participons régulièrement à des parties de chasse. Nous connaissons le bruit des détonations et les avons intégrés comme faisant partie d’une activité qui nous est agréable. Le cerveau ne déclenche donc pas les procédures d’alerte, et nous pouvons profiter pleinement, en toute détente, de notre activité. Processus C ci-dessous.
A. Processus automatique quand un individu se sent en danger
Le corps se prépare en un instant à fuir ou se battre
B. Processus automatique quand un individu apprend à gérer la situation
Le corps passe par un état d’alerte, pour revenir au calme
C. Quand un individu maîtrise une situation
Le corps reste en état normal de calme
Ces processus sont identiques chez nos chiens : leur cerveau est programmé pour réagir en cas de danger.
Une situation stressante génère des hormones de stress à chaque fois qu’elle se produit. Si un individu est sensible à un certain stimulus ou à une certaine situation qui se produit fréquemment, les hormones sont générées à chaque fois. L’anatomie n’a pas encore pu éliminer complètement les anciens effets des hormones, que de nouveaux effets s’accumulent.
A l’instar du stress, une activité excitante produit les mêmes effets sur le corps. Si un chien par en chasse, son corps sollicitera toutes les ressources disponibles (oxygènes, sucres, graisses et hormones de stress). Pour rattraper sa proie, il aura besoin à la fois de rapidité et d’endurance. Si ces parties de chasse se présentent fréquemment, le corps de notre chien se chargera excessivement d’adrénaline, noradrénaline et cortisol.
Lorsque nous lançons une balle, un bâton ou un frisbee à notre chien, nous reproduisons à répétition ce scénario de chasse, et nous amorçons donc ce mécanisme biologique de production d’hormones de stress.
Si ces situations excitantes et/ou stressantes se produisent fréquemment, le corps de notre chien se trouvera en situation de stress chronique, avec toutes les pathologies éventuelles qui en découlent (hypersensibilité aux stimulis visuels et sonores, difficultés de concentration, perte d’appétit et troubles digestifs, troubles du sommeil, irritabilités,…).
Les réactions biochimiques
Lorsque le corps produit de l’adrénaline, il y a en parallèle la production d’autres substances qui ne sont pas sans conséquences.
- Sucs gastriques : ils peuvent entraîner l’apparition de diarrhées ou de selles molles, de vomissements, de problèmes de digestion ;
- Hormones antidiurétiques : elles entraînent l’augmentation de production d’urine (notre chien fera pipi beaucoup plus souvent) ;
- Neuro-hormones neuropeptides Y : elles endommagent le système immunitaire ;
- Hormones sexuelles : elles provoquent des changements de comportement, comme le chevauchement ou une augmentation de l’irritabilité.
Toute situation stressante génère des changements anatomiques, des plus légers au plus profonds, selon l’intensité du stress et sa durée. En cas de stress répétitifs, on parle de stress chronique.
Le stress chronique est nocif pour la santé (problèmes digestifs, allergies et problèmes dermatologiques, odeurs corporelles et buccales, pulsations cardiaques élevées, pression sanguine élevée, boit beaucoup,…) et entraîne des troubles du comportement (aboiements excessifs et hurlements, nervosité et irritabilité, déprimé et manque de compétences sociales, tire sur la laisse, …).
La spécificité de chaque individu
L’idéal pour un apprentissage optimal est d’éviter les situations excitantes et/ou stressantes. En cas d’excitation trop importante ou de stress, le cerveau est monopolisé par les réactions physiques de survie et ne peut donc rien gérer d’autre dans le même laps de temps. Les nouvelles informations restent sans suite, le cerveau étant incapable de s’y consacrer.
Il est important que les activités respectent les capacités physiques, capacités émotionnelles et capacités d’apprentissage de chacun. Comme toute autre espèce, les chiens ne sont pas tous fabriqués dans le même moule. L’origine de la race peut être importante, mais au sein d’une race, d’une lignée, d’un élevage, d’une portée même, chaque individu est né avec des capacités particulières (physiques et mentales). Et comme pour les humains, un jour n’étant pas l’autre, chaque individu a des variables : tout individu a des points faibles et des jours sans. Il en va de même pour nos chiens.
Admettons un stimulus visuel : le passage d’un vélo. Certaines races sont effectivement prédisposées pour poursuivre tout ce qui bouge rapidement. Cela ne signifie pas que tous les individus de cette race réagiront de la même façon au même stimulus. En toute logique, l’inverse est également vrai : tous les individus d’une race placide ne resteront pas forcément sans réaction à ce même stimulus. Les individus d’une même race ont des points communs, mais chaque individu reste unique.
Selon l’expérience de chacun, ces différences sont encore plus flagrantes. Un chien de race reconnue placide, qui a eu une expérience négative avec un vélo (peur ou blessure physique) deviendra réactif (ou pas…) au passage de tout autre vélo.
Chaque jour est également différent : si notre chien est fébrile (pas assez de repos ? fatigue accumulée ? malade ou blessé ?), il sera moins tolérant ce jour précis que tous les autres jours de l’année.