En quoi consiste l’ostéopathie ?
- L’ostéopathie est une technique manuelle visant à rééquilibrer le corps en levant les blocages.
- Une lésion ostéopathique est un manque d’amplitude de mouvement ou de fluidité. Elle n’est donc pas visible en imagerie médicale.
- Cette restriction de mouvement peut atteindre une articulation, un muscle, un fascia ou même un organe.
- Ces blocages ont des répercussions directes sur la mécanique du corps mais aussi sur ses fonctions organiques ou viscérales.
Quand conseillez-vous de consulter en ostéopathie pour un chien ?
- Animal à problème : boiterie, douleur de dos, etc
- Trauma
- Chien en croissance, vers 5-6 mois, pour ne pas laisser les plaques de croissance se souder avec des blocages.
- Chien de sport: minimum 1 fois par an en contrôle car stimulation très forte et sous adrénaline le chien fait tellement de choses…
- Animal vieillissant
- Animal sans problème apparent: c’est rare qu’il n’y ait aucun blocage
Que conseillez-vous comme préparation du chien, avant de vous le présenter pour une consultation en ostéopathie ? (antidouleurs, échauffement,…)
Pas de préparation particulière.
Si le chien prend des antidouleurs au moment où il doit venir, il faut les continuer. Je n’ai pas besoin de la douleur pour voir où sont les problèmes. Si le chien a très mal il risque de se retenir dans les mouvements et donc de ne pas se laisser aller à 100%.
Quelles blessures physiques et pathologies chroniques peut-on soigner avec l’ostéopathie ?
Tous les blocages vont être levés, donc s’ils amènent une boiterie ou une douleur, celle-ci va disparaître totalement grâce à la manipulation et ne pas revenir.
Par exemple si le chien a fait un faux mouvement qui a entraîné des blocages et que ces blocages ont eux-mêmes entraînés des compensations.
Il y a des pathologies où on a un changement morphologique, comme dans l’arthrose, ou des malformations congénitales, comme la luxation de la rotule chez les chiens de petite taille. Dans ces cas-là, l’ostéopathie ne peut pas guérir mais elle va grandement soulager l’animal.
Il est impossible d’établir une liste exhaustive des blessures et pathologies à pouvoir traiter grâce à l’ostéopathie…
Quelles blessures physiques ne peut-on pas soigner avec l’ostéopathie ?
- Les fractures
- Les tumeurs
- Les infections (bactéries, virus, champignons,…)
- Les problèmes auto-immuns
Ici aussi la liste ne peut pas être exhaustive.
Dans son article « Other indicators of muscle pain » paru le 03.12.2014 sur le site « Dog World », Julia Robertson, myothérapeute (thérapeute du système musculaire), reprend ces termes à propos de l’assis sur demande :
So often some major indicators are misconstrued as training issues. How often do you hear someone getting quite animated, asking/telling a dog to sit; you can see it in the dogs face that they would if they could but it may take a while! Sitting is such a difficult action and yet we appear obsessed with asking/telling our dogs to do it! For a dog to sit they have to use their body in a way that requires their muscles to eccentrically contract, in other words, to hold their body against gravity. When I say their body, I mean their neck, shoulders, back, pelvis, fore and hind limbs. This is just sitting, they have to do the reverse standing but this time use strength to heave themselves up, again against gravity but this time using concentric contraction. This is a tough manoeuvre and if your dog is reluctant, just think, it may not be because he is being disobedient, he may just hurt!
Que vous inspirent ces propos ?
Je suis d’accord qu’un chien qui a des difficultés à s’asseoir a peut-être de la douleur et qu’il faut donc vérifier cela.
Ce mouvement peut être rapproché chez l’homme de celui où nous nous accroupissons, on sent effectivement que nos muscles doivent « forcer », ce n’est pas très naturel de le faire souvent…
La position peut être intéressante à apprendre à un chien mais il ne faut pas en abuser et lui demander tout le temps cela. A éviter chez des chiens dysplasiques et des chiens âgés.
Au niveau ostéopathique, la position ne va pas nécessairement entraîner des blocages si le chien s’assied bien droit, hormis le sacrum qui va être tiraillé par la queue forcée à angle droit.
Par contre quand le chien s’assied « de travers », donc plus sur une fesse que sur l’autre, cela peut entraîner un blocage du bassin ou ce blocage peut en être à l’origine.
Si le bassin se bloque, il entraîne avec lui une batterie de compensations, dont des blocages dans la fin des vertèbres lombaires (souvent L4-L5 et la jonction lombo-sacrée) et la jonction thoraco-lombaire.
Toujours à propos de Julia Robertson, voici ce qu’elle dit dans l’article « Scent some time with your dog » paru le 26.08.2016 sur le site de Galen Therapy Centre, à propos des activités d’olfaction :
When a dog scents or sniffs they adopt a natural body position that enables good movement patterns. It helps to stretch out their spines and importantly their necks; by employing this body shape that enables their hind quarters to ‘engage’, meaning encouraging the muscles within their hind legs and pelvic region. This in turn helps to develop their ‘drive’ which comes from their hind quarters and this will take the excessive load off their forelimbs and neck that is so common from any weakness within their pelvic region. For this and so many other reasons this type of exercise specifically ideal for puppy’s, rehabilitation and veteran dogs that may be suffering with arthritis and general stiffness.
Êtes-vous d’accord avec elle ?
Tout à fait d’accord.
Le squelette du chien n’ayant pas de clavicule, les omoplates sont reliées au crâne et à la colonne uniquement par des muscles et des tendons (pas d’os ou d’articulations). En quoi cette caractéristique peut-elle être handicapante / affaiblissante ?
Pour tous les « atterrissages », réceptions de sauts, descente d’une certaine hauteur (canapés, voitures, etc) ces sangles musculaires vont être très sollicitées. On peut facilement avoir des tendinites des épaules liées à cela quand ces mouvements sont répétitifs.
On peut aussi avoir des froissements, voir des déchirures musculaires, lorsque ces mouvements sont fait brutalement et à froid.
L’amortissement se fait parfois tellement mal que la mandibule du chien peut aller cogner le sol au moment de la réception. On peut alors en plus retrouver des problèmes de nuque.
Vous conseillez un échauffement avant toute activité physique. Comment s’y prendre et quels en sont les bienfaits ?
Je trouve cela primordial. Feriez-vous une partie de squash sans vous échauffer ? C’est la même chose pour son chien. Les risques de blessures sont incroyablement réduits sur un animal bien échauffé.
L’échauffement doit se faire de manière progressive où on intensifie les mouvements. On peut donc commencer par de la marche, puis du trot et enfin du galop. Après cela, on peut entamer des mouvements plus spécifiques en fonction de l’activité que l’on veut faire avec son chien (par exemple des petits sauts et des mouvements en 8 si on le prépare à un parcours d’agility).
L’échauffement doit au minimum durer 10 minutes et c’est encore mieux s’il peut en durer 20.
Vous conseillez un « retour au calme » de l’organisme après toute activité physique. Comment s’y prendre et quels en sont les bienfaits ?
Laisser marcher le chien 10 minutes après un effort physique est très important pour avoir moins d’acide lactique dans les muscles et ainsi moins de courbatures le lendemain.
Quelles activités trouvez-vous dangereuses à pratiquer pour un chien ?
- Les changements brusques de direction (lancer d’objets, flyball, etc)
- Les sauts à trop grande hauteur (palissades, etc)
- Les activités brusques sur un sol glissant
Encore une fois, la liste ne peut être exhaustive mais je ré-insiste sur le fait que l’échauffement va permettre, à même contrainte, d’avoir moins de blessures ou moins graves.
Quelles blessures ou séquelles avez-vous pu constater spécifiquement en conséquence d’un jeu de lancer de jouets (balles, frisbees, bâtons,…) ?
« La blessure la plus courante est la déchirure du ligament croisé antérieur au niveau du grasset (genou). Cette déchirure peut être partielle ou totale. Le bas de la patte reste au sol tandis que le haut pivote, ce qui crée une torsion du genou. Lorsque la déchirure est totale, il faut malheureusement souvent opérer le chien. Quand c’est partiel, cela dépend de beaucoup de facteurs mais le chien devra être mis au repos au minimum 2 mois.
Cette lésion entraîne au niveau ostéopathique une cascade de compensations : le bassin se positionne en bascule pour mettre plus de poids sur un postérieur par rapport à l’autre. Cette bascule de bassin entraîne un blocage au niveau de la 4e ou de la 5e vertèbre lombaire et au niveau de la jonction thoraco-lombaire.
Les hanches vont être stimulées lors de la propulsion. Si celle-ci est faite de travers et/ou à froid, le chien peut ressentir une vive douleur. Le bassin va alors très vite se retrouver lui aussi en lésion.
On peut aussi fréquemment rencontrer des lésions aux membres antérieurs, surtout au niveau des épaules (suite à une glissade le plus souvent) ou au niveau des carpes (poignets)(suite aux freinages brusques et aux changements de direction).
Les lésions au niveau du dos vont principalement se situer en dorsal haut (entre les omoplates), à la jonction thoraco-lombaire et en région lombaire basse.
La nuque peut aussi être bloquée lors d’un mouvement brusque. C’est un des endroits les plus douloureux. Les chiens poussent souvent des cris « comme si on leur marchait sur la queue alors qu’on ne les touche pas » pendant toute la période d’inflammation.
Les articulations temporo-mandibulaires (mâchoires), lors de réceptions « en pleine gueule » peuvent aussi se bloquer.
Les blessures et les douleurs peuvent se marquer instantanément, parfois même avec un cri, ou se marquer à froid après l’effort (parfois même seulement le lendemain).
Dans les cas les plus graves mais heureusement plus rares, on peut avoir des fractures ou des arrachements des cartilages de croissance. Ces fractures sont difficiles à soigner car souvent ce sont des fractures en spirale, c’est à dire liée à une torsion de l’os long au moment de l’atterrissage. L’os le plus souvent touché par ce type de fracture est le tibia.
Tous ces problèmes étaient des séquelles en « aigus » mais il ne faut pas oublier non plus les lésions qui vont être chroniques, à force de répéter tout le temps les mêmes mouvements, on retrouvera de l’arthrose sur les articulations les plus sollicitées, c’est à dire : les genoux, les hanches, les vertèbres (dorsales et lombaires), les carpes et les épaules. »