Principe
Il s’agit de lancer un objet (balle, bâton, corde, Frisbee,…) à quelques mètres, dans l’objectif que le chien aille le chercher et nous le rapporte. Il faut bien reconnaître que tout le monde a déjà essayé ce genre de jeu. Observons nos chiens, que pouvons-nous remarquer ?
Pour la majorité des chiens : ne pas lancer d’objets !
Les processus
Pendant un jeu de lancer, l’ensemble des actions ou réactions physiques de notre compagnon est composé entre autres de :
- Voir l’objet être lancé,
- Démarrer en direction de l’objet lancé,
- Regarder / entendre / sentir où l’objet a atterri,
- Arriver à destination,
- S’arrêter pour saisir l’objet ou le saisir en plein vol,
- Rapporter l’objet au lanceur,
- S’arrêter et repartir.
Ces informations visuelles, auditives et olfactives sont envoyées au cerveau. Selon l’expérience du chien, il reste dans une interaction rationnelle ou modérée (ceux qui gèrent) ou il passe en réaction automatique, c’est devenu un réflexe (ceux qui ne gèrent pas).
Pensons un instant aux nageurs ou aux coureurs qui ont appris à réagir le plus rapidement possible au stimulus auditif du coup de feu annonçant le début de la compétition. Ils ont entraîné leur corps à combattre les réflexes innés (sursauter, frémir,…) pour les transformer en réflexes appris (se propulser en avant).
Ce processus est identique chez les chiens entraînés à courir après des objets. A force de séances d’entraînement, les réflexes de nos chiens sont affûtés pour démarrer et courser un objet. Et finalement, peu importe l’objet : tout ce qui passe devant les yeux du chien, à une certaine vitesse, provoque le même réflexe. Notre chien coursera cette chose ou cette personne : un vélo, un chat ou un enfant qui court,… Nous avons augmenté la rapidité de réactivité de notre chien ainsi que son instinct de prédation.
Ceux qui gèrent
Certains de nos compagnons sont tout à fait capables de gérer les jeux de lancer. Après quelques lancers, ils arrêtent de nous rapporter l’objet en question et vont le mâchouiller dans un coin du jardin ou du living ou l’abandonnent sur place pour vaquer à d’autres occupations. Ces chiens sont capables de mesurer leur seuil de tolérance physique et émotionnel.
Ceux qui ne gèrent pas
Qu’en est-il des chiens qui montent en excitation au point de ne pas/plus être conscient du monde qui les entoure ? A la vue de l’objet adoré, ces chiens vont saliver ou gémir ou aboyer ou sauter sur nous ou tout ça à la fois : un feu d’artifice d’excitation. Ils sont devenus accrocs à ces objets et à ce qu’ils représentent. Dans certains cas, ces objets sont devenus une ressource tellement importante, que ces chiens font tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas perdre cet objet. Une personne ou un animal qui viendrait à s’aventurer trop près de ce trésor, pourrait amèrement le regretter.
Blessures physiques
Selon la « technique » choisie par notre chien pour le démarrage, la course ou le saut (et le retour au sol), la préhension, le pivot pour le retour au lanceur,…de graves blessures physiques peuvent être provoquées. Si notre chien choisit de se lancer dans les airs pour attraper l’objet qui passe au-dessus de lui, imaginons les contraintes musculaires, articulaires et squelettiques auxquelles son corps est soumis à partir du moment où il se propulse du sol : il saute, est en suspension, saisit (ou essaie de saisir) l’objet et se réceptionne ou retombe au sol.
Rappelons-nous que le squelette de notre chien n’est pas équipé de clavicule. Sa colonne vertébrale est donc reliée à l’omoplate (os supérieur des pattes avant) par des muscles et des tendons uniquement.
L’avis d’une spécialiste
Voici ce que répond Nathalie Barrière, vétérinaire spécialisée en ostéopathie, à la question « Quelles blessures ou séquelles avez-vous pu constater spécifiquement en conséquence d’un jeu de lancer de jouets (balles, frisbees, bâtons,…) ? »
« La blessure la plus courante est la déchirure du ligament croisé antérieur au niveau du grasset (genou). Cette déchirure peut être partielle ou totale. Le bas de la patte reste au sol tandis que le haut pivote, ce qui crée une torsion du genou. Lorsque la déchirure est totale, il faut malheureusement souvent opérer le chien. Quand c’est partiel, cela dépend de beaucoup de facteurs mais le chien devra être mis au repos au minimum 2 mois.
Cette lésion entraîne au niveau ostéopathique une cascade de compensations : le bassin se positionne en bascule pour mettre plus de poids sur un postérieur par rapport à l’autre. Cette bascule de bassin entraîne un blocage au niveau de la 4e ou de la 5e vertèbre lombaire et au niveau de la jonction thoraco-lombaire.
Les hanches vont être stimulées lors de la propulsion. Si celle-ci est faite de travers et/ou à froid, le chien peut ressentir une vive douleur. Le bassin va alors très vite se retrouver lui aussi en lésion.
On peut aussi fréquemment rencontrer des lésions aux membres antérieurs, surtout au niveau des épaules (suite à une glissade le plus souvent) ou au niveau des carpes (poignets)(suite aux freinages brusques et aux changements de direction).
Les lésions au niveau du dos vont principalement se situer en dorsal haut (entre les omoplates), à la jonction thoraco-lombaire et en région lombaire basse.
La nuque peut aussi être bloquée lors d’un mouvement brusque. C’est un des endroits les plus douloureux. Les chiens poussent souvent des cris « comme si on leur marchait sur la queue alors qu’on ne les touche pas » pendant toute la période d’inflammation.
Les articulations temporo-mandibulaires (mâchoires), lors de réceptions « en pleine gueule » peuvent aussi se bloquer.
Les blessures et les douleurs peuvent se marquer instantanément, parfois même avec un cri, ou se marquer à froid après l’effort (parfois même seulement le lendemain).
Dans les cas les plus graves mais heureusement plus rares, on peut avoir des fractures ou des arrachements des cartilages de croissance. Ces fractures sont difficiles à soigner car souvent ce sont des fractures en spirale, c’est à dire liée à une torsion de l’os long au moment de l’atterrissage. L’os le plus souvent touché par ce type de fracture est le tibia.
Tous ces problèmes étaient des séquelles en « aigus » mais il ne faut pas oublier non plus les lésions qui vont être chroniques, à force de répéter tout le temps les mêmes mouvements, on retrouvera de l’arthrose sur les articulations les plus sollicitées, c’est à dire : les genoux, les hanches, les vertèbres (dorsales et lombaires), les carpes et les épaules. »
Excitation et hormones de stress
Rappelons-nous que l’excitation provoque dans le corps du chien le déclenchement du processus de survie : graisses, sucre, augmentation du rythme cardiaque, augmentation de la pression sanguine, hormones de stress,… Son corps se prépare à l’action.
L’idéal est d’éviter les situations excitantes et/ou stressantes. Rappelons-nous : en cas d’excitation trop importante ou de stress, le cerveau est monopolisé par les réactions physiques de survie et ne peut donc rien gérer d’autre dans le même laps de temps. Les nouvelles informations restent sans suite, le cerveau étant incapable de s’y consacrer.
Activités alternatives
Si notre chien aime les balles, les bâtons, les frisbees ou tout autre jouet, il y a une multitude de jeux à leur proposer en utilisant ces jouets : mâcher, transporter, rechercher un objet perdu, récupérer un objet caché,…
Remporter un challenge comme transporter un objet renforce la confiance que notre chien a en lui.